Révolution numérique et transformation de l'action publique

Santiso, C. (2019). Révolution numérique et transformation de l'action publique, Politique étrangère, 2, pp. 129-142.

 

 

Contexte

En optant pour le numérique, les gouvernements ont la possibilité d’améliorer la transparence et l’efficacité des bureaucraties. Dans cet article, l’auteur explique comment la révolution numérique modifie les règles du jeu au sein de l’administration publique. Il s’appuie sur les expériences de différents États ayant entrepris des réformes numériques pour montrer comment ces dernières transforment le secteur public et ce au moyen de trois actions : la publication de multiples données, la réduction des risques relatifs à un pouvoir discrétionnaire excessif et la création de nouveaux partenariats public-privé (PPP). Cet article montre le potentiel des réformes numériques en vue d’améliorer et de moderniser l’action publique.

Définition

Dans cet article, la révolution numérique désigne la transformation numérique des États. Les gouvernements qui engagent des réformes en faveur de la transformation numérique ont pour objectif de dématérialiser leurs procédures administratives en introduisant la notion d’identité numérique et d’élargir leur offre de services en ligne. En pratique, la transformation numérique vise à simplifier et à accélérer les procédures administratives tout en améliorant leur fiabilité.

Résultats

Les nouvelles technologies modifient les règles du jeu et ce, de trois manières :

  • En permettant la publication de multiples données. L’ouverture et l’analyse de données massives encouragent la transparence et améliorent l’efficacité de l’administration. Trois éléments contribuent à ce processus vertueux : les données doivent être ouvertes, publiées et diffusées au moment opportun. Par ailleurs, les données doivent être aisément disponibles et compréhensibles. Cependant, si davantage de gouvernements offrent un accès libre à leurs bases de données, ces données sont rarement téléchargées par les citoyens. En pratique, ce sont des start­ups engagées qui tirent pleinement parti des nouvelles technologies et des données ouvertes. Ce sont elles qui proposent également des moyens d’améliorer l’allocation des ressources publiques. Ainsi, plusieurs États commencent à promouvoir activement la réutilisation des données publiques ouvertes, notamment en ayant recours aux services de start-ups spécialisées. Par exemple, l’administration fiscale et les services de douanes ont de plus en plus souvent recours à l’intelligence artificielle (IA) et à l’analyse prédictive pour détecter et prévenir l’évasion fiscale.
  • En réduisant les risques liés à un pouvoir discrétionnaire excessif. Les nouvelles technologies peuvent être utilisées pour limiter le pouvoir discrétionnaire de certains fonctionnaires qui en abusent. L’automatisation des procédures administratives et la numérisation des services publics tendent à réduire le risque d’erreur d’origine humaine. Par ailleurs, l’automatisation des procédures administratives et la numérisation des services publics rendent ces derniers plus agiles, plus rapides et plus intelligents. Le processus de numérisation des procédures administratives demeure cependant complexe.
  • En créant de nouveaux PPP pour transformer l’administration. Les nouvelles technologies remettent en cause le monopole de l’État dans certains domaines pouvant favoriser un mécanisme alternatif tel que le PPP. Par exemple, la technologie de chaîne de blocs (blockchain) permet à des entités privées de participer à la prestation décentralisée des services publics. Les laboratoires d’innovation publique sont un second exemple. Ces derniers servent à incuber et à accélérer les innovations dans le secteur public. De tels laboratoires d’innovation publique offrent un espace favorisant l’émergence d’un nouveau type de PPP.
Messages clés pour la politique et la pratique
  • Les objectifs sous-tendant l’ouverture des données doivent être clairement définis (p.ex., favoriser une plus grande transparence, améliorer la qualité des services publics). Ces objectifs sont à la fois complémentaires et distincts.
  • Le fait de rendre la bureaucratie plus agile et plus ouverte a un impact direct sur la confiance du public envers le gouvernement, en améliorant le degré de satisfaction des citoyens vis-à-vis des services publics.
  • La modernisation administrative n’est pas seulement une question technologique. Il s’agit aussi de modifier les valeurs et comportements des parties prenantes et ce, en tirant parti des nouvelles technologies et des informations retirées des données.
  • Les organisations publiques doivent se protéger contre les nouvelles menaces du monde numérique. En effet, le virage numérique les expose au piratage et à la falsification. De plus, les citoyens se montrent de plus en plus sensibles à la protection de leurs données personnelles.
  • Le plus grand défi de la numérisation est de nature politique. Effectivement, l’enjeu est de savoir qui possède, contrôle, partage et garantit la sécurité des données.
Méthode et limites de la recherche
  • Aucune méthode n’a été établie dans la publication.
  • L’auteur dirige la Direction de la transformation numérique de l’État de la Banque de développement de l’Amérique latine. Il présente les différents impacts des nouvelles technologies dans la révolution numérique des États en s’appuyant sur l’expérience de pays qui engagent des réformes en faveur de la transformation numérique.
  • Il n’y a pas de limite de la recherche mentionnée dans l’article. 
Financement de la recherche

Il n’y a pas d’information concernant le financement dans l’article.