Participer à la société numérique au moyen des systèmes sociaux d’information

Grönlund, Å. (2020). Participating in the Digital Society. Digital Government: Research and Practice, 1(2), art. 17, 13 pp.

Contexte

Pour que la démocratie numérique soit pertinente à l'échelle mondiale, il est nécessaire de trouver des moyens de la rendre également utile dans les États moins démocratiques, voire autoritaires. En s’appuyant sur le concept de participation citoyenne ainsi que sur le modèle « d'artefact de système d'information », cette publication examine la manière dont la participation peut être améliorée notamment, pour ce type de régime politique. L’équipe de recherche aborde la participation citoyenne sous l’angle de la technologie utilisée, des flux d'informations et de systèmes sociaux utilisés pour communiquer. L’analyse de deux pays (Suède et Ouganda), représente des États aux régimes très différents et illustre les améliorations potentielles. En outre, la publication souligne l’importance de prendre en compte les dimensions participatives de l'utilisation des systèmes d'information plutôt que de se limiter aux processus spécifiques de démocratie formelle.

Définition

En tant qu'objet, les artefacts définissent des parties et des fonctionnalités de notre monde. Par ailleurs, les artefacts tendent également à influencer nos actions et nos pensées. Un artefact n'est pas nécessairement un objet physique. En effet, il peut qualifier un système de règles définissant l'action humaine, tel que les lois ou les procédures judiciaires.

Qualifiant un outil numérique, un artefact de système d’information comprend trois parties intégrées, des sous-artefacts, qui évoluent ensemble, à savoir : un sous-artefact technologique (c’est-à-dire les outils numériques utilisés lors d’un processus ou d’une situation particulière), un sous-artefact d'information (relatif à l’échange de données ayant un sens pour les participants), un sous-artefact social (relatif aux interactions entre les individus impliqués dans le processus en question). Dans le contexte de la démocratie numérique, les trois parties de l'artefact du système d'information concernent différents aspects de la démocratie et de la technologie.

Résultats
  • L'amélioration de la démocratie est plus grande dans des contextes où le niveau de confiance est suffisant pour permettre la participation des citoyens.
  • L’artefact étudié en Ouganda, la méthode de travail du CIPESA, est un outil d'information qui assure l'anonymat entre les personnes qui demandent un service et les fonctionnaires qui le fournissent. En pratique, l'échange d'informations est facilité par un ensemble d'outils bon marché et accessibles. Bien que cet outil se soit avéré utile, un facteur nécessaire au flux d'informations est le médiateur humain. Ainsi, l'incapacité du gouvernement à fournir des services débouche sur la mise en place d'un artefact social « tampon » servant de médiateur entre les citoyens et le gouvernement et ce, dans une logique favorisant une coopération durable.
  • Il y a également des raisons d'améliorer la participation dans les pays démocratiques. Deux cas suédois sont présentés.
    • Premier cas. En 2017, le gouvernement suédois a mis en place une stratégie nationale de numérisation pour le secteur scolaire. Lors de cette consultation, l'enquêteur (Association suédoise des autorités locales et des régions - SALAR) a fait l'expérience d'un approvisionnement en informations inhabituel, puisque les informations ont été collectées systématiquement auprès d'un échantillon de personnes environ 100 fois plus grand qu’auparavant. Outre l’artefact d’information, l'artefact social a également été radicalement modifié. En effet, les personnes n'étaient pas uniquement interrogées, elles pouvaient également former des groupes pour discuter et formuler des propositions ainsi que voter sur les propositions des autres. L'artefact technique utilisé était un outil de démocratie numérique conçu initialement pour des procédures démocratiques plus formelles. S'il a servi à recueillir les informations, cet outil s'est avéré moins utile pour leur agrégation et leur analyse.
    • Second cas. En 2010, le gouvernement suédois a lancé une campagne de vaccination pour endiguer l’épidémie émergente de grippe porcine. La campagne a échoué dans la mesure où le vaccin n'a pas été suffisamment testé et plusieurs personnes vaccinées ont développé des effets secondaires. Dès la fin 2009, un groupe Facebook a été créé par les parents des enfants touchés. Actif dans le débat sur les questions médicales ainsi que sur la responsabilité gouvernementale, ce groupe constitue un exemple d'artefact de système d'information réussi. En élargissant les possibilités pour les personnes concernées de gérer leur situation problématique, cet artefact d'information est un outil standard de médias sociaux. En pratique, la réussite de son fonctionnement repose sur la manière dont il a été géré par les participants. Ainsi, l'artefact social a été suffisamment robuste pour utiliser les outils techniques du système d'information technique et pour gérer les problèmes survenus dans l'artefact d'information (p.ex., démentis relatifs à la formulation de thèses complotistes).
  • De tels environnements de discussion ont été créés dans des contextes variés. Par conséquent, l’artefact de système d’information a permis de discuter de questions chargées politiquement et d’obtenir une influence politique et ce, dans des contextes professionnels et sans relation directe avec la prise de décision politique.
Messages clés pour la politique et la pratique
  • Cette publication présente une vision de la démocratie qui n'implique pas seulement le système formel de prise de décision, mais aussi la participation des citoyens.
  • La problématique de la participation démocratique est discutée de manière non partisane en termes de technologie utilisée, de flux d'informations et de systèmes sociaux dans lesquels la technologie et l'information sont utilisées pour communiquer.
  • Pour que la démocratie numérique soit pertinente au niveau mondial, il est nécessaire d'apporter des améliorations dans les États ayant des démocraties imparfaites ou même autoritaires. Effectivement, ces États regroupent une majorité de la population mondiale et présentent le plus grand potentiel d'amélioration.
  • La participation démocratique ne se limite pas au traitement de la démocratie formelle, mais constitue un aspect important à prendre en compte et ce, dans des contextes variés. Par ailleurs, dans la littérature, de nombreux processus souvent définis comme « gouvernement numérique » ne questionnent pas les enjeux démocratiques et leurs implications.
Méthode et limites de la recherche
  • Sur le plan empirique, des exemples concrets sont utilisés pour discuter d'une vision de la démocratie et de la participation dans la société numérique.
  • La publication commence par examiner les facteurs qui définissent la démocratie. Le concept d’artefact est ensuite présenté en rapport avec la démocratie numérique. Finalement, la publication discute de certains des artefacts ayant émergé dans le domaine de la démocratie numérique.
  • Aucune méthode n’a été présentée dans la publication.
  • Il n’y a pas de limite de la recherche mentionnée dans la publication.
Financement de la recherche

Il n’y a pas d’information concernant le financement dans la publication.