L'utilisation des médias sociaux par les organismes publics. Analyse de l’utilisation de Twitter par la police allemande

Jungblut, M., Jungblut, J. (2021). Do organizational differences matter for the use of social media by public organizations? A computational analysis of the way the German police use Twitter for external communication. Public Administration, pp. 1-20.

Contexte

Les forces de police utilisent de plus en plus les médias sociaux pour obtenir une plus grande autonomie dans ses moyens de communication. Cependant, peu de choses sur leurs différentes stratégies de communication et leur impact sur l'engagement des utilisateurs sont connues. Cette étude examine comment la police allemande utilise Twitter pour sa communication. Les résultats de la recherche sont basés sur une analyse de contenu automatisée des tweets envoyés par la police allemande en 2019. La recherche identifie différents modèles d'utilisation de Twitter et examine comment ces modèles influencent les niveaux d'engagement des utilisateurs. L’étude se concentre sur les différences organisationnelles préexistantes entre les services de police et leur environnement organisationnel, à savoir leur position dans la hiérarchie organisationnelle, la population de la zone surveillée et le niveau d'urbanisation. L'étude examine si les différences organisationnelles et les stratégies de communication vont varier le niveau d'engagement des utilisateurs.

Définition

La notion centrale de la publication est l’utilisation des médias sociaux par des entités policières. Les plateformes de médias sociaux possèdent leur propre logique qui diffère de celle des médias traditionnels. Premièrement, les médias sociaux permettent aux organisations de contourner les médias traditionnels et d'atteindre directement les parties prenantes concernées. Deuxièmement, les médias sociaux offrent la possibilité de diffuser des informations visuelles aux parties prenantes. Troisièmement, la logique des médias sociaux englobe une stimulation de l'activité des utilisateurs sous la forme d'un comportement de communication qui affecte le flux ultérieur d'informations à travers les plateformes de médias sociaux au moyen des indices de popularité, c'est-à-dire le nombre de « j’aime » (likes) et de retweets du contenu.

Résultats
  • Les aspects organisationnels et environnementaux sont cruciaux pour l'utilisation de Twitter par la police allemande.
  • L'absence d'une ligne directrice fédérale commune pour l'utilisation des médias sociaux par la police laisse aux différentes organisations la possibilité d'adapter l'utilisation de ce nouvel ensemble d'outils à leurs besoins spécifiques.
  • Les tweets contenant des éléments visuels suscitent plus de commentaires.
  • Les comptes qui représentent des entités policières situées plus bas dans la hiérarchie organisationnelle ont des formes d'interaction moins axées sur les échanges.
  • Le niveau de communication dialogique n'est pas seulement déterminé par la communication de la police, mais aussi par les caractéristiques du public cible.
  • Les aspects environnementaux sont un facteur important pour l'engagement des utilisateurs, car les tweets provenant de comptes ayant plus d’abonnés (followers) et ceux qui desservent des zones à forte population génèrent plus de « j’aime » et de retweets. De même, l'urbanisation de la zone de police est une variable explicative du nombre de « j’aime » et de retweets. En effet, les comptes des entités policières rurales et urbaines ont généré plus de « j’aime » que les comptes fédéraux.
  • Les différentes organisations de police en Allemagne ne vivent pas le passage aux médias sociaux de façon homogène.
Messages clés pour la politique et la pratique
  • Les différences organisationnelles et environnementales préexistantes dans les services de police allemands influent sur la manière dont ces organisations utilisent Twitter. Cette situation est caractérisée plutôt par une « dépendance au sentier », c’est-à-dire que les choix du passé conditionnent les nouvelles initiatives.
  • Si l'on souhaite une approche cohérente de l'utilisation de Twitter, il est nécessaire d'élaborer des lignes directrices sur la manière dont les bureaux locaux des organisations publiques (p.ex., la police) devraient utiliser les médias sociaux et ce, pour s’assurer que les services avancent dans la même direction.
Méthode et limites de la recherche
  • Cette étude est une analyse de contenu automatisée de la communication Twitter des comptes de la police allemande.
  • Pour la collecte des données, l’équipe de recherche a identifié tous les comptes Twitter gérés par la police allemande et qui étaient actifs en 2019. Chaque compte a été validé individuellement pour assurer qu'il s'agissait de comptes officiels. 155 profils Twitter ont été identifiés. Les tweets que les 155 comptes ont distribués en 2019 ont ensuite été collectés, ce qui a conduit à un échantillon global de 137 771 tweets.
  • L’analyse des données a été effectuée par une série de modèles multiniveaux. L’équipe de recherche a créé des variables correspondant au niveau du compte pour la position des entités de police dans la hiérarchie organisationnelle (entités de police fédérales, étatiques, régionales, sous-régionales et locales), au degré d'urbanisation de la juridiction qu'ils représentent et à la population de la zone de police de chaque compte.
  • Comme cette étude est une analyse exploratoire qui se concentre sur une seule plateforme de médias sociaux et sur un seul État, les résultats ne peuvent être généralisés.
Financement de la recherche

Il n’y a pas d’information concernant le financement de l’article, mais il est indiqué que le financement de l'accès ouvert est permis et organisé par Projekt DEAL.