Les perspectives du gouvernement numérique comme domaine de recherche et de pratique.

Scholl, H. J. (2020). Digital government: looking back and ahead on a fascinating domain of research and practice. Digital Government: Research and Practice, 1(1), 1-12.

Contexte

La notion de « gouvernement numérique » se réfère à l’utilisation des technologies de l’information pour soutenir les opérations gouvernementales, pour mobiliser les citoyens et pour fournir des services gouvernementaux. La technologie en elle-même n’est pas suffisante pour saisir la portée et les dimensions du gouvernement numérique. Cette publication décrit l’évolution du gouvernement numérique, depuis ses débuts jusqu’à nos jours et offre un aperçu de l’avenir de ce domaine de recherche multidisciplinaire. Selon la recherche sur le gouvernement numérique, des changements majeurs devraient se produire dans les affaires gouvernementales au cours de la prochaine décennie. 

Définition

La numérisation, dans les années 1990, faisait référence au processus comprenant la préparation, la conversion, la présentation et l’archivage de documents papier analogiques de toutes sortes en formats numériques, c’est-à-dire que les documents peuvent être lus par machine et qu’ils sont transférables.

De nos jours, la numérisation désigne l’accroissement de la dépendance de la société envers les données, les documents, les structures et les processus numériques. L’utilisation de technologies numériques pour interagir avec les entreprises, les organisations non gouvernementales et avec les individus fait désormais partie du quotidien. La première phase de numérisation, a commencé vers 1995 pour prendre fin en 2015. Lors de cette première phase, les gouvernements ont numérisé massivement les archives et ont développé des services en ligne permettant aux citoyens d’accéder aux informations et aux services gouvernementaux en ligne.

Résultats
  • Deux initiatives de financement de la recherche ont donné l’impulsion nécessaire pour démarrer la recherche sur le gouvernement numérique :
    • Le lancement du premier appel de propositions de subventions de recherche en 1998 par la U.S. National Science Foundation (NSF). Les projets de recherche financés par la NSF étaient variés : génération de métadonnées pour l’imagerie géographique, services gouvernementaux personnalisés sur le Web, visualisation de données géospatiales, campagnes et votes numériques, partage d’informations des organismes chargés de l’application de la loi.
    • Les États européens et l’Union européenne (UE) dans le cadre de ses cinquièmes et sixièmes programmes-cadres ont également commencé à financer des programmes de recherche liés au gouvernement numérique.
  • Les opportunités de financement ont attiré l’attention de chercheurs provenant d’une variété de disciplines (p. ex informatique, ingénierie, communications, géographie). Ces chercheurs de différentes disciplines ont pu partager des idées et des résultats de recherche.
  • Les deux premières revues spécialisées qui ont été utilisées pour diffuser la recherche sur le gouvernement numérique sont : Information Quarterly et Information Polity. Par la suite, entre 2001 et 2007, de nombreuses revues scientifiques dans le domaine de la recherche sur le gouvernement numérique ont été créées (p. ex International Journal of Electronic Government Research et Transforming Government: Policy, People, Process). D’un total de moins d’une centaine de publications avant l’an 2000, le nombre est passé à 1138 entre 2000 et 2004. Au cours de la première décennie du 21e siècle, la recherche universitaire sur le gouvernement numérique est passée de 144 à 3697 publications évaluées par des pairs. The Digital Government Reference Library contient la vaste majorité des publications révisées par les pairs et rédigées en anglais. Elle compte 4000 chercheurs.
  • Les deux affiliations professionnelles majeures dans le domaine de la recherche sur le gouvernement numérique sont : Working Group 8.5 faisant partie de la International Federation for Information Processing et la Digital Government Society of North America (maintenant Digital Government Society, puisque ses activités dépassent les frontières de l’Amérique du Nord).
  • L’Internet des objets permet d’organiser et coordonner la vie et les déplacements par des objets intelligents dans des zones densément peuplées (p. ex par des réseaux de capteurs intelligents, qui aident à orienter les flux de trafic).
  • Plusieurs approches intelligentes sont basées sur les données, ce qui permet l’utilisation de l’intelligence artificielle et de l’apprentissage automatique. Ces technologies peuvent utiliser de larges jeux de données structurées et non structurées pour identifier des modèles et des modèles prédictifs, qui informent et évaluent la prise de décision en temps réel.
  • La technologie du grand livre distribuée (p. ex une chaîne de blocs) est utilisée dans les approches intelligentes pour garantir des enregistrements de transactions infalsifiables, la rapidité d’une transaction et une transparence maximale dans les procédures transactionnelles.
  • Les modèles de gouvernance doivent pouvoir s’ajuster plus intelligemment et de manière flexible à la rapidité des innovations dans les technologies numériques.
  • Des examens récurrents des résultats entraînés par une réglementation sont une caractéristique de la gouvernance intelligente.
  • Jusqu’à présent, la recherche sur le gouvernement numérique s’est concentrée essentiellement sur les résultats positifs des initiatives numériques gouvernementales. Les résultats problématiques (initiatives réussies, mais non souhaitables) nécessitent l’attention des chercheurs.
Messages clés pour la politique et la pratique
  • La recherche sur le gouvernement numérique doit étudier les résultats problématiques et non problématiques des initiatives numériques, ce qui nécessite une compréhension approfondie des fondements technologiques et algorithmiques.
  • La recherche sur le gouvernement numérique doit être mise en relation avec d’autres disciplines, ce qui inclut les disciplines traditionnelles comme l’administration publique et la science politique. Ces disciplines chevauchent la recherche sur le gouvernement numérique en pratique, mais elles ne disposent pas de ses capacités prospectives.
  • Les gouvernements seront des facilitateurs et des moteurs pour la deuxième phase de numérisation. La recherche sur le gouvernement numérique doit tracer la voie et clarifier les choix que les sociétés peuvent faire.
Méthode et limites de la recherche
  • Cette publication est un article théorique.
  • Aucune limite à la recherche n’a été identifiée.
Financement de la recherche

La publication ne compte aucune information liée au financement de la recherche.