Les facteurs et les défis relatifs à la mise en œuvre d’un gouvernement agile

Mergel, I., Gong, Y. Bertot, J. (2018). Agile government: Systematic literature review and future research. Government Information Quarterly, 35 (2), pp. 291-98.

Contexte

Les gouvernements doivent s'adapter aux changements tant aux niveaux internes qu’externes. Ils sont appelés à créer des systèmes leur permettant d'analyser les tendances, d'identifier les développements potentiels, de prédire leurs impacts sur l'organisation et de déterminer rapidement comment mettre en œuvre les changements nécessaires. Pour réformer leurs processus, pour gérer leurs projets ou développer des logiciels, les organisations gouvernementales s’emploient à adopter des approches agiles. Bien que les notions d’agilité et d'adaptabilité soient utilisées depuis longtemps dans le secteur privé, celles-ci sont de plus en plus adoptées dans le secteur public. Afin de comprendre les fondements théoriques et les pratiques relatives à ces approches, l’équipe de recherche a effectué une revue systématique de la littérature. Au terme de cette recherche, quatre courants de domaines de recherche ont été identifiés : (1) les approches de développement logiciel, (2) les approches de gestion de projet, (3) les domaines d'application et (4) les résultats potentiels. Cette publication dresse un aperçu de ces quatre domaines de recherche dans le but de fournir une définition commune, d'identifier les résultats de recherche existants et de fournir une série de questions de recherche qui émergent de l'examen.

Définition

La notion de développement logiciel agile remonte à la publication, en 2001, du Manifeste du logiciel agile basé sur douze principes. L'agilité fait référence à la capacité de créer et de répondre rapidement et avec souplesse aux changements dans les domaines commerciaux et techniques. Plus largement, l'agilité qualifie la capacité des organisations à être agiles et à s'adapter rapidement à l'évolution des besoins et des demandes, voire même, une méthodologie favorisant la maniabilité et la rapidité de réaction. Bien que ces définitions émergentes de l’agilité offrent des variations, elles incluent des notions communes telles que l'efficacité, la rentabilité, la rapidité, la flexibilité, la qualité et la simplicité.

Résultats
  • Les bureaucraties ne sont pas conçues sur la base d’un pouvoir partagé ou des approches de collaboration ouverte entre des équipes ad hoc. À ce stade des recherches, l’étude de la transformation d’une organisation conçue intentionnellement pour avancer méthodiquement en une structure plus agile est à une étape préliminaire.
  • Les actions à mettre en œuvre par les gouvernements pour rendre agile leurs structures organisationnelles, leurs approches de gestion, leurs méthodes d'allocation budgétaire, leurs structures de communication ou leurs incitations à la récompense ne sont pas explicites.
  • Les approches agiles nécessitent de nouvelles formes d'acquisition, de conception et de mise en œuvre des services et des ressources informatiques. En outre, les recherches initiales montrent la nécessité de créer des formes différentes de pouvoir et de structures organisationnelles.
  • Les collaborations inter-organisationnelles et juridictionnelles (locales, régionales, nationales) peuvent générer des gains d'efficacité encore plus importants que la création de formes différentes de leadership et de structures organisationnelles.
  • Cependant, les gouvernements évoluent dans des environnements réglementaires pouvant freiner l'efficacité et entraver les économies d'échelle, le partage d'informations et le développement et la mise en œuvre de technologies interopérables.
  • Les publications scientifiques conduisant l'évaluation des approches agiles dans le secteur public sont rares. Cela met en évidence un besoin de théorisation des changements se produisant dans l'organisation publique après l’introduction des approches agiles.
  • Il se peut que des conditions différentes au sein des gouvernements influencent le succès et l'étendue de l'agilité dans les milieux gouvernementaux. Dans cette optique, il est nécessaire de mieux comprendre comment les facteurs tels que la centralisation, la taille, l’engagement dans des partenariats public-privé, les efforts d'innovation ou la maturité technologique affectent les capacités des gouvernements à s'engager dans des méthodes agiles.
  • L'application des techniques agiles dans le secteur public présente à la fois des avantages et des défis. D'une part, les gouvernements et les citoyens bénéficient d'une plus grande efficacité, d'applications mieux conçues et d'économies de coûts. D'autre part, la mise en œuvre d’approches agiles exigent des capacités, des compétences, une culture, des structures politiques et un pouvoir que les gouvernements ne possèdent pas nécessairement.
Messages clés pour la politique et la pratique
  • Le gouvernement agile doit devenir une approche holistique qui se concentre sur la flexibilité des règlements, l'adaptation à une bureaucratie fonctionnelle et l'alignement au niveau des projets et des processus.
  • Les approches gouvernementales agiles affectent la façon dont les services gouvernementaux sont conçus et fournis. La combinaison des approches agiles avec la gestion des processus d'affaires existants peut aider les gouvernements à concevoir des services en ligne qui sont utilisés de la même manière que les ventes en ligne sur des sites comme Amazon ou les sites de médias sociaux.
  • Comme pour tout nouveau domaine d'étude et de pratique, un certain nombre de questions de recherche restent en suspens, notamment celles concernant les conditions permettant à l'organisation gouvernementale de devenir plus agile.
  • Des recherches empiriques supplémentaires sont nécessaires pour mieux comprendre les approches agiles et leur impact sur le gouvernement et ses parties prenantes.
Méthode et limites de la recherche
  • L’équipe de recherche a effectué une revue systématique de la littérature des articles et des actes de conférence qui ont été publiés au cours des 30 dernières années (1988-2018).
  • La collecte de données a suivi la méthode PRISMA. Web of Science et Google Scholar constituaient les principales bases de données. Des 229 références qui ont servi de point de départ à la revue, 33 références ont été sélectionnées (25 articles de conférence publiés et 8 articles de journaux académiques).
  • Pour l’analyse des données, l’équipe de recherche a codé les références en fonction des définitions utilisées, des méthodes de recherche appliquées et de l'accent mis par les articles sur des domaines de recherche spécifiques.
  • Il n’y a pas de limite de la recherche mentionnée dans l’article.
Financement de la recherche

Cette recherche a été partiellement soutenue par la Fondation nationale des sciences naturelles de Chine.