L’efficacité des technologies de l'information pour la traduction automatique d’informations gouvernementales

O’mara, B., Carey, G. (2019). Do multilingual androids dream of a better life in Australia? Effectiveness of information technology for government translation to support refugees and migrants in Australia. Australian Journal of Public Administration, 78(3), pp. 449-71.

Contexte

Les récents progrès réalisés dans le domaine des logiciels de traduction automatique utilisant l'intelligence artificielle (IA) (p.ex., Google Translate, Skype Translator, Deepl) rendent accessibles de nouveaux services en ligne. Par exemple, en traduisant des informations gouvernementales, de tels logiciels peuvent aider des usagers dans leurs démarches administratives (p.ex., les candidats à l’immigration). Cependant, l’utilisation de ces applications de traduction automatique peut également entraver la communication, voire la rendre inefficace. Face à ce constat, la publication a conduit une revue systématique de la littérature. L’objectif de l’équipe de recherche est d’identifier les moyens d’utilisation efficaces des technologies de l'information (TIC) pour traduire des informations gouvernementales destinées aux réfugiés et aux migrants issus de milieux culturels et linguistiques diversifiés en Australie. En pratique, cette revue systématique synthétise les données disponibles en vue d’aider les praticiens et les chercheurs lors de l’élaboration, la mise en œuvre, l'évaluation et la réalisation de services reposant sur des logiciels de traduction automatique utilisant de l’IA.

Définition

Les TIC permettent d’augmenter la vitesse de traduction et la quantité de documents traduits. Généralement, la traduction automatique désigne un logiciel qui traduit automatiquement des informations d'une langue à une autre. L'utilisation de l'IA dans ce domaine accroit les capacités de la technologie en l'entraînant à apprendre et à mieux travailler avec des langues riches. De nos jours, le développement de logiciels de traduction automatique reposant sur l’IA, tels que Google Translate et Skype Translator, a permis d’augmenter significativement la précision de la traduction en ligne.

Résultats
  • Aucune preuve de l’efficacité de l’utilisation de l’IA pour traduire les informations gouvernementales n’a été répertoriée.
  • Il faut faire preuve de prudence lorsqu'on envisage d'utiliser les technologies de l'information, y compris l’IA, pour traduire les informations gouvernementales.
  • Les plateformes ouvertes telles que Google Translate ou Skype Translator n’ont pas été initialement conçues pour la traduction des informations des services gouvernementaux.
  • La traduction d’informations gouvernementales nécessite une compréhension plus large des différents contextes culturels. Or, ces derniers sont difficilement traités par les algorithmes de traduction.
  • Les données probantes sur les TIC pour la traduction de l'information gouvernementale présentent trois lacunes importantes.
    • La majorité des études comporte des évaluations d'un « soutien linguistique » pour les réfugiés et les migrants dans trois contextes : l'éducation, la santé et les sites web du gouvernement de l'État de Victoria.
    • La plupart des études ont exploré les programmes d'enseignement, le soutien aux compétences académiques dans l'enseignement supérieur et/ou le rôle de la famille et des activités à domicile. Les données probantes n'explorent pas l'efficacité de l’IA pour traduire les informations gouvernementales.
Messages clés pour la politique et la pratique
  • L'absence de données ne tend pas à confirmer l'efficacité de l'utilisation des logiciels de traduction automatique avec l’IA auprès des réfugiés et des migrants issus de milieux culturellement et linguistiquement différents.
  • L’équipe de recherche met en évidence les efforts importants à consacrer à la compréhension et la mise en œuvre de services de traduction efficaces. Sans cet investissement, les groupes marginalisés en raison de leurs différences culturelles et linguistiques seront davantage exclus de la société et des services publics essentiels.
  • Les organismes gouvernementaux sont encouragés à investir simultanément dans les services de traducteurs humains, les TIC qui aident les traducteurs humains ainsi que la traduction automatique reposant sur l’IA. Par ailleurs, les agences gouvernementales pourraient également se concentrer sur l’intégration des traducteurs humains et le développement de contenu en ligne. Une telle intégration pourrait améliorer la diversité culturelle et l'accessibilité des TIC, y compris l'adhésion aux normes internationales.
  • Les agences gouvernementales pourraient créer un accès plus direct à l'information en utilisant davantage les fichiers HTML plutôt que les documents PDF. En effet, les fichiers HTML ont une navigation accessible en langue étrangère et améliorent la convivialité, l'accessibilité et la facilité de découverte des informations traduites en ligne.
Méthode et limites de la recherche
  • Cette étude est une revue systématique de la littérature.
  • L’équipe de recherche a consulté des bases de données pour identifier les TIC et les expériences des réfugiés et des migrants en Australie entre 1979 et 2018. La recherche inclut également la littérature grise, c’est-à-dire les sites internet des ministères australiens du gouvernement fédéral et des États, des agences sans but lucratif et des organismes ayant réalisé des travaux de traduction. La revue a permis d'identifier 531 études. Six études issues de la littérature évaluée par des pairs répondaient aux critères d'inclusion de la revue. Sur les 130 études de la littérature grise, une seule répondait aux critères d'inclusion.
  • Les sept documents sélectionnés ont été analysés afin d'identifier les techniques et autres caractéristiques de la traduction, des technologies de l'information et de l'aide linguistique de manière plus générale, ainsi que les résultats sur l'éducation, la santé, les expériences sociales et autres des réfugiés et des migrants liées à l'information traduite.
  • Aucune limite de la recherche n’a été mentionnée dans la publication.
Financement de la recherche

Il n’y a pas d’information concernant le financement dans l’article.