L’adoption des robots par les organismes gouvernementaux

Whitford, A. B., Yates, J., Burchfield, A., Anastasopoulos, J. L., & Anderson, D. M. (2020). The adoption of robotics by government agencies: Evidence from crime labs. Public Administration Review, 80(6), 976–988.

L’adoption des robots par les organismes gouvernementaux
Contexte

Cette publication teste des hypothèses relatives à l’adoption et l’utilisation de robot au sein des organismes gouvernementaux dans un contexte où l’innovation gagne du terrain au sein de l’administration publique. Dans cette recherche, l’accent est mis sur le cas des laboratoires de criminologie américains. Ces derniers constituent un élément crucial du processus d’élaboration des preuves dans le système de justice. En utilisant des données de recensement des laboratoires de criminologie, les chercheurs montrent que l’adoption de robots dépend de facteurs de poussée et de traction. Les résultats suggèrent que les organismes gouvernementaux peuvent être parmi les premiers à adopter la robotique, s’ils détiennent les capacités et le besoin de le faire.

Définition

La robotique est le domaine d’étude des technologies impliquant la conception, le développement et le déploiement de robots. Ceux-ci exécutent des tâches traditionnellement réalisées par des êtres humains.

Un robot est défini comme un objet ou un système qui peut détecter, traiter et agir sur le monde à un certain degré. Les robots sont à l’avant-garde de la quatrième révolution industrielle, qui sera également caractérisée par le déploiement fréquent de l’intelligence artificielle, de capteurs portables et par la facilité de séquencer l’ADN.

Résultats
  • En 2009, 41 % des laboratoires de criminologie utilisaient la robotique. Ils étaient 54 % en 2014. Les laboratoires de criminologie employaient 14 300 personnes en 2014, pour un budget de 1,7 milliard de dollars.
  • Les deux modèles (2009 et 2014) montrent que la probabilité d’adopter des robots dans les laboratoires de criminologie augmente lorsque les laboratoires ont des budgets plus importants.
  • Les deux modèles (2009 et 2014) montrent que la probabilité d’adopter la robotique pour les laboratoires de criminologie augmente lorsque les laboratoires ont une charge de travail plus élevée. Les résultats suggèrent que la charge de travail est peut-être moins importante pour l’adoption rapide de la robotique.
  • Dans les deux modèles, l’accréditation des laboratoires de criminologie est associée positivement à la probabilité d’adoption de la robotique.
  • Parmi les autres variables (c’est-à-dire la compétence, l’agencement de plusieurs laboratoires et la sous-traitance), seule la sous-traitance dans le modèle de 2014 est statistiquement significative. Cet effet positif est modéré comparé aux résultats précédents.
Messages clés pour la politique et la pratique
  • Certains moteurs potentiels de l’adoption de la robotique relèvent de l’administration publique traditionnelle, soit le budget, la charge de travail et le professionnalisme.
  • Considérer l’adoption de la robotique comme un indicateur de l’arrivée de la quatrième révolution industrielle peut être erroné. Les robots sont déjà utilisés. Plus de la moitié des laboratoires de criminologie américains utilisaient la robotique en 2014. Les robots sont probablement une technologie établie et non pas une nouvelle technologie.
  • En comparaison avec les entrepôts d’Amazon ou les usines SpeedFactory d’Adidas, les organismes gouvernementaux semblent moins modernes. Dans un certain discours, les laboratoires sont présentés comme un environnement où les agents publics protègent leur domaine axé sur l’expertise et maximisent les avantages de leur travail.
Méthode et limites de la recherche
  • Cette publication repose sur une recherche quantitative.
  • Les données proviennent des recensements des laboratoires de criminologie américains financés par l’État réalisés pour les années 2009 et 2014. Elles ont été collectées par le bureau des statistiques de la justice.
  • Les recensements incluent l’ensemble des laboratoires de criminologie municipaux, fédéraux, des États américains et des comtés. Pour être inclus, un laboratoire de criminologie doit être financé par l’État uniquement et employer au moins un scientifique à temps plein qui étudie des preuves physiques dans des affaires criminelles.
  • Les chercheurs ont utilisé une seule variable dépendante, dichotomique, qui est une réponse à la question qui demande si le laboratoire utilise la robotique et ce, sous n’importe quelle forme.
  • Les chercheurs ont utilisé des variables indépendantes réparties en trois groupes :
    • Les variables mesurant les ressources et les capacités
      • Le budget des laboratoires de criminologie
      • Le nombre de demandes reçues, leur charge de travail.
    • Les variables construites par un ensemble de questions sous-jacentes
      • L’accréditation auprès d’une organisation professionnelle pour les laboratoires de criminologie
      • La variable de compétence, mesurée par les évaluations menées par les laboratoires sur leurs employés.
    • Deux indicateurs dichotomiques
      • Est-ce que les laboratoires font partie d’un agencement comprenant plusieurs laboratoires ?
      • Est-ce que les laboratoires sous-traitent certaines de leurs activités ?
  • Les données sont analysées par régression linéaire.
  • Les résultats de la recherche doivent être interprétés à la lumière des limites suivantes :
    • La recherche porte uniquement sur les laboratoires de criminologie.
    • Les chercheurs sont limités par les années de recensement des laboratoires de criminologie.
    • La variable dépendante (utilisation ou non de la robotique par le laboratoire) est fragile. Les chercheurs sont limités par la compréhension des laboratoires de ce qui constitue de la robotique.
Financement de la recherche

La publication ne compte aucune information concernant le financement de la recherche.