La diffusion des innovations numériques dans les administrations publiques

Attour, A., & Chaupain-Guillot, S. (2020). Digital innovations in public administrations: Technological or policy innovation diffusion? Journal of Innovation Economics Management, (1), 195–219.

Contexte

Les innovations technologiques dans le secteur public et le développement rapide du gouvernement numérique dans la dernière décennie attirent l’attention des chercheurs. Certains chercheurs ont identifié plusieurs groupes de facteurs (par exemple, technologiques, organisationnels, environnementaux et culturels) en vue d’expliquer l’implantation de sites internet par les municipalités. Cette publication examine si les facteurs technologiques et politico-administratifs affectent l’implantation de sites web par les municipalités et le niveau de développement de leurs services gouvernementaux numériques. Plus précisément, les chercheurs veulent déterminer si les innovations numériques dans les administrations publiques suivent un processus de diffusion technologique ou un processus de diffusion politico-administratif. Les chercheurs ont récolté des données sur 5108 municipalités françaises pour répondre à cette question de recherche.

Définition

Les services gouvernementaux électroniques sont définis comme un cas spécifique d’innovation dans les services publics, et plus précisément comme un processus de transmission de technologies à partir des secteurs produisant des biens d’équipement vers des secteurs utilisateurs (les gouvernements) qui les emploient pour fournir des services.

Le processus de diffusion technologique regroupe les variables relatives à la taille de la demande (la densité de population et le nombre d’emplois), aux ressources économiques (le taux de chômage dans une municipalité), aux ressources techniques (la proportion de foyers détenant une connexion internet rapide) et à l’activité touristique (la présence dans une municipalité d’une installation de camping).

Le processus de diffusion politico-administratif regroupe les variables relatives aux mandats, à la compétition (la proportion de municipalités ayant un site internet) et à la pression citoyenne (l’âge, le niveau d’éducation et la taille de la population.).

Résultats
  • La création d’un site internet par une municipalité est une innovation technologique qui s’explique par des facteurs économiques et par la compétition territoriale.
  • Plus la population d’une municipalité est nombreuse, plus la probabilité qu’elle ait un site internet et qu’il soit d’un haut niveau de développement augmente.
  • Le taux de chômage local a un effet significatif et élevé sur le niveau de développement des sites web des municipalités françaises du Grand Est.
  • La densité de population, un haut niveau d’accès à une connexion à haut débit et le tourisme ont un effet positif sur l’implantation d’un site internet dans une municipalité et le développement des services numériques gouvernementaux.
  • Lorsque la proportion d’agriculteurs dans la population d’une municipalité augmente de 1 %, la probabilité qu’une municipalité ait un site internet diminue de 0,7 %.
  • Lorsque la proportion d’individus très éduqués dans la population d’une municipalité augmente de 1 %, la somme de services gouvernementaux numériques augmente de 0,19 %.
  • Une municipalité est plus susceptible d’avoir un site internet si plusieurs municipalités voisines ont des sites web.
Messages clés pour la politique et la pratique
  • Dans le cas des municipalités françaises, il existe deux types de diffusion de technologies numériques. Certaines municipalités ont favorisé une stratégie reposant sur une logique économique et compétitive, alors que d’autres ont favorisé une stratégie visant à améliorer leurs relations avec les citoyens.
  • Il y a une pression pour les municipalités à se conformer aux standards de gestion de services numériques élaborés aux échelons de gouvernement supérieurs. Ces standards peuvent être coercitifs ou normatifs.
  • Les municipalités ayant favorisé le nombre de services numériques sont plus susceptibles d’avoir suivi des standards coercitifs, tandis que les municipalités qui se concentrées sur la qualité des services, les standards de gestion sont plus susceptibles d’être normatifs.
Méthode et limites de la recherche
  • Cette publication s’appuie sur une recherche quantitative.
  • Les données ont été recueillies entre janvier 2013 et décembre 2015 sur les municipalités de la région du Grand Est en France.
  • Les chercheurs ont créé une base de données en enregistrant et évaluant le nombre de services numériques et leurs fonctions des sites officiels des municipalités.
  • Les données sont analysées par trois modèles économétriques. Les chercheurs ont recours à une régression linéaire.
Financement de la recherche

Cette recherche a été soutenue financièrement par la Région Grand Est et l’Université de Lorraine.